Quel avenir pour les schemes domestiques européens ? Vous connaissez sans doute, le réseau CB en France, mais nous ne sommes pas les seuls à être doté d’un système de paiement interbancaire domestique. En Allemagne, il s’appelle Girocard ; en Belgique, il s’agit de Bancontact ; en Italie, Bancomat, en Espagne, Servired ; etc. Ces systèmes de paiement prospères jusqu’à aujourd’hui sont inquiètes quant à leur avenir suite à 3 nouvelles monétiques qui pourraient avoir raison d’eux.
Rachat de Visa Europe par Visa Inc.
Une news qui n’a pas dû vous échapper si vous suivez l’actualité monétique est celle du rachat de Visa Europe par Visa Inc. le 5 novembre 2015. Le montant engagé est de 11,5 milliards en cash + 5 milliards en action, avec éventuellement un supplément conditionné de 4,7 milliards d’ici 2020.
Les banques européennes constatant que leur situation économique n’a pas retrouvé le niveau pré-crise 2008 et qu’elles auront le plus grand mal à conquérir le marché du paiement mobile en Europe devant les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), souhaitaient abandonner leur navire « Visa Europe ».
Quant à Visa Inc., elle compte essentiellement à travers ce rachat renforcer son activité en Europe afin de mieux concurrencer MasterCard.
Au vu des montants engagés, Visa Inc. pourrait vouloir un retour sur investissement en tentant de combattre les schemes nationaux sur leur territoire.
Plafonnement des commissions multilatérales d’interchange
À terme, les CIP (commission interbancaire pour CB) et les CMI seront plafonnées à 0,2% pour les cartes de débit (débit du compte dans les 48 heures après l’autorisation), et 0,3% pour les cartes de crédit. Si ce règlement s’inscrit logiquement dans le cadre des objectifs de SEPA, cela fera perdre tout intérêt pour les commerçants* à privilégier le réseau domestique normalement moins coûteux, si tant est qu’ils eussent le choix.
* à supposer que suite au plafonnement des commissions d’interchange, les acquéreurs baissent en conséquence les commissions commerçant.
Le choix du réseau d’acceptation par les porteurs
En France, les cartes CB utilisent systématiquement le réseau éponyme ; ce qui constitue plus de 9 transactions sur 10 réalisées par les porteurs français chez un commerçant français. Pourtant, les cartes CB sont adossées à un réseau supplémentaire : Visa ou MasterCard ; tout comme le commerçant capable d’accepter les 3 réseaux. La priorisation de l’application CB par le terminal du commerçant disparaîtra dès juin 2016 avec l’application du règlement européen permettant au porteur de choisir le réseau de son choix. Ce règlement porte probablement l’estocade à la pérennité des systèmes de paiement européens. Pour plus de détails, vous pouvez cliquer ici.
Les systèmes de paiement nationaux européens vont-ils se laisser consumer sans réagir ? Est-ce réellement une bonne stratégie que de laisser l’Europe des paiements à la merci des réseaux américains ? Surtout, lorsque l’on se remémore les sanctions monétiques de la Russie par les États-Unis. Ces questions dépassent largement le cadre monétique. Des intérêts bien supérieurs sont en jeu. Sans réaction, l’Europe ne saura être totalement autonome. Peut-être que le projet Monnet renaîtra de ses cendres ? Mais certainement avec un autre nom. Jeu politique quand tu nous tiens…
Encore un excellent article !
Merci
Ok mais je bute toujours sur cette question : comment vendre une carte européenne à quelqu’un qui a une carte internationale ?…
Il ne s’agit pas de vendre une carte européenne à un porteur disposant d’une carte internationale mais de politique ayant pour objectif de former l’Europe des paiements.